[ Bienvenue ] [ Le Luc ] [ Pays Viganais ] [ L'association ] [ Le patrimoine ] [ Flore du causse ] [ La faune ] [ Les chemins ] [ Agriculture ] [ Les Ânes ] [ Bibliographie ] [ Vos liens ] [ notre FORUM ] [ English Version ]
 

Association CAMIN FERRAT

> la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray

> le régime disciplinaire du pénitencier du Luc

> Relégation volontaire en Nouvelle-Calédonie

> Bibliographie complète concernant la colonie agricole du Luc


les conditions d’incarcération de la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray.

Sur cette page internet http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=109 , vous trouverez un reportage de Thierry Scharf sur les conditions d’incarcération de la colonie agricole et pénitentiaire de Mettray.
Créé en 1839 par Auguste Frédéric DEMETZ, ancien conseiller à la cour de PARIS, grâce à un financement de bienfaiteurs privés, cet établissement ouvre ses portes en 1840. A son apogée, il abritera prés de 600 élèves condamnés par la justice.
Sa mission : donner à ses pensionnaires une éducation morale, religieuse et professionnelle. Nous sommes en pleine Monarchie de Juillet, période qui tire son nom de l’émeute qui se transforma en révolution les 27, 28 et 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses). Cette révolution met Louis Philippe au pouvoir. Le régime disparaîtra par une autre révolution dix-huit ans plus tard.
Le témoignage audio d'un ancien colon.
Raoul Léger, 92 ans, nous fait partager ses tristes souvenirs de son passage en tant que colon dans ce centre.


Extrait de La colonie pénitentiaire et agricole du Luc. Geoffroy LACOTTE (page 62 à 66) - concernant le régime disciplinaire du pénitencier du Luc.

Il faut toujours garder en mémoire que ces enfants et adolescents étaient de simples orphelins ou qui avaient commis quelques larcins et qui avaient été acquités par un jugement.

Le régime disciplinaire : La loi du 5 août 1850 déclare que les jeunes détenus doivent être élevés en commun sous une discipline sévère (art. 3) et laisse subsister un doute quant à l'emploi des châtiments corporels. Le règlement de 1869 lève cette ambiguïté en interdisant tout châtiment de ce type, y compris la férule que l'on trouve encore dans le projet de règlement du 31 mars 1864 mis au point par Charles Lucas pour sa colonie du Val d'Yèvre.

A la colonie du Luc, les punitions sont la privation de pitance, la pain sec, le piquet, le piquet de dimanche et la cellule La sanction ultime est l'envoi des jeunes détenus, ceux qui sont jugés incorrigibles ou particulièrement indisciplinés, dans une colonie correctionnelle publique où ils sont soumis à un régime répressif. Ceci ne peut se faire qu'avec l'accord de l'administration centrale sur avis du préfet ou de la commission de surveillance. Parmi les motifs de punition nous trouvons les vols, les voies de fait, les actes immoraux, le gaspillage de nourriture, l'indiscipline, la détérioration de matériel ou de vêtement. Un registre des punitions répertorie toutes les sanctions officielles, mais d'autres punitions sont fréquemment utilisées comme la privation de visite, le costume disciplinaire (mauvais vêtement de tissu bariolé), les marches forcées, la privation de correspondance, les amendes pécuniaires (bien que, normalement le s retenues sur le pécule soient expressément interdites). La punition la plus constante est le pain sec, attribué un peu trop systématiquement. De plus, telle qu'on l'applique au Luc, la punition de pain sec entraîne également la suppression et de la soupe du matin et de la pitance du midi et de la soupe du soir, alors que l'article 101 du règlement est ainsi conçu : "Les enfants pourront être punis de leur pitance à titre de punition, mais deux fois par semaine seulement et à trois jours d'intervalle. La soupe leur sera donnée tous les jours".

A plusieurs reprises, l'ispection générale soulèvera ce problème et interviendra pour que la colonie revienne à une exécution pure et simple de l'article 101, et entre autres, en 1886, 1892, 1893 et 1895. Les punitions sont prononcées par le directeur en présence de tous les surveillants et enfants réunis. Le dimanche, les colons qui ont mérité une punition sont entendus par le directeur, à qui ils peuvent présenter leur réclamations - la cellule n'est prononcée que pour les fautes graves, comme les fugues ou les tentatives d'évasion. Les châtiments corporels sont formellement interdits, conformément à l'article 96 du réglement de 1869 . Malgré cela, certains rapports d'inspection laissent supposer que l'on y a eu recours.Citons par exemple : "Le personnel de surveillance est mal recruté, la plupart des agents ont une physionomie peu sympathique. Ils devront être mieux choisis et présenter une tenue plus militaire. Des recommandations sérieuses devront leur être faites de ne pas frapper les enfants. " "Les pupilles, les plus petits se plaignent d'être frappés par les gradés. Un surveillant nommé Arlabosse a aussi été dénoncé comme ayant frappé des pupilles."

Les récompenses. Celles-ci sont des gratifications lors de la libération, des galons de grade avec gratification supplémentaire, des bons points traduits en argent, la proposition de libération conditionnelle, la table d'honneur avec plats suppléméntaires et les gratification mensuelles.

A moins de punition sérieuse les enfants de neuf à quatorze ans occupés à l'agriculture reçoivent tous les mois une somme de 0,20 à 0 40 F - au-dessus de quatorze ans ils reçoivent de 0,40 à 0,75 F. Les colons occupé à la cordonnerie doivent produire une tâche de travail qui une fois terminée, leur permet de se faire un pécule variant entre 0,20 et 0,25 F journellement Il est également accordé aux enfants ayant une très bonne conduite et reçu au certificat d études un livret de caisse d'épargne de 20 F. Toutes ces diverses sommes sont inscrites sur un registre spécial et leur sont remises à leur libération.

La libération conditionnelle représente, de fait, la plus sérieuse et la plus sensible des récompenses. "En effet, le colon qui la reçoit de même que son compagnon qui la voit allouée doivent éprouver un vif sentiment de satisfaction pour le premier et d'encouragement pour le second, s'il peut espérer en bénéficier par sa bonne conduite". Il semble toutefois que cette récompense ne soit que peu ou pas accordée. L'année 1886, le préfet qui interroge un colon en cellule sur les motifs de son comportement s'est vu répondre : "Nous n'avons aucun intérêt à nous bien conduire puisque nous n'en sommes pas récompensés, alors le découragement arrive et l'on veut s'en aller d'ici."

La colonie reçoit des jeunes de sept à vingt ans, classés en deux catégories, la première de sept à douze ans, la deuxième de treize à vingt ans. Combien en est-il de libérés avant l'âge de quinze ans ? Pour ainsi dire aucun, attendu que le jugement les condamne toujours jusqu'à leurs seize ans révolus. Ce ne serait donc que par voie de libération conditionnelle qu'ils pourraient sortir de la colonie avant cette période. Quelle serait donc la situation du directeur si de nombreuses demandes de libération se produisaient ? Si nous étudions sa position personnelle, c'est un véritable entrepreneur : il doit nourrir, habiller, loger et instruire les colons, moyennant une subvention de 0,75 F par jour et par pupille; en échange il a le travail fait par eux. Mais quelle valeur peut bien représenter le travail d'un enfant de sept a quatorze ans ? Elle est presque nulle. Si l'enfant part avant ses quatorze ans, ce sera justement au moment où, ses forces physiques se développant, le directeur pourrait espérer rentrer dans ses avances ou dans les pertes que lui aura certainement occasionné le jeune colon. La libération conditionnelle est donc un préjudice considérable pour le directeur-propriétaire. Il pourrait s'ensuivre une bien fâcheuse tendance chez cet entrepreneur à ne pas allouer au jeune homme les bonnes notes qu'il mérite, de crainte qu'elles ne soient la cause de sortie anticipée. Et si le fait existait, les conséquences seraient très graves. Non seulement, et c'est ici que nous reviennent les paroles du colon en cellule, la récompense due n'arriverait pas, mais le bon exemple et l'encouragement pour les autres disparaîtraient aussi. Nous avons constaté, dans les statistiques offîcielles, la différence existant entre le nombre de libérations conditionnelles des colonies d'Etat et celui des colonies privées. Il est évident que l'Etat a tout intérêt à voir diminuer ses charges, tandis qu'au contraire le directeur d'une colonie privée doit désirer conserver le plus longtemps possible ses ouvriers de plus de seize ans. Pour obvier à cet inconvénient sérieux, l'Etat aurait dû verser aux colonies privées une indemnité équivalente a celle versée aux colonies publiques soit 1 F a 1,25 F, mais également augmenter les effectifs des colonies privées et ne pas les laisser se vider.

Le 15 juillet 1889, les dispositions du règlement général du 10 avril 1869 concernant le régime disciplinaire ont été modifiées, instituant ainsi un " régime disciplinaire atténué" (art. 90 à 110). Les jeunes détenus bénéficient indirectement de la loi du 19 avril 1898 sur la répression des violences, voies de fait et actes de cruauté commis envers les enfants. Néanmoins, les mauvais traitements ne disparaissent pas pour autant des maisons d'éducation pénitentiaire.


Relégation volontaire

La  Société de patronage des libérés adultes et des enfants moralement abandonnés du Gard et de la Lozère est crée en 1882.  Elle aurait envoyé en relégation "volontaire" pour la Nouvelle-Calédonie, le canada ou l'Argentine des colons du pénitencier du Luc.
Geoffroy Lacotte fait état d'un rapport de cette société de patronage datant de 1886.
 

Si des lecteurs peuvent m'aider à retrouver la trace des colons du Luc en Nouvelle-Calédonie...


Bibliographie complète concernant La colonie agricole du LUC

  • La colonie pénitentiaire et agricole du Luc - Geoffroy Lacotte - Ed du Papyrus - 1992. z
  • L'enfance dans les fers - Lucien Bossy - Librairie Critique - 1930 (Nous recherchons cet ouvrage...)
  • Les enfants du bagne - Marie Rouanet - Payot - 1992. z
  • Le jardin - roman de Jacques Castan - La Mirandole - 1992. z
  • A propos du "bagne" du Luc - Revue du Club Cévenol "Causses et Cevennes" N3 année 1996 - Adrienne Durand-Tullou . z
  • Causses - Patrick Bard - Ed Freeway - 1998 - Le silence actuel des pierres et les voix éteintes des cellules du Luc (photos)
[ Bienvenue ] [ Le Luc ] [ Pays Viganais ] [ L'association ] [ Le patrimoine ] [ Flore du causse ] [ La faune ] [ Les chemins ] [ Agriculture ] [ Les Ânes ] [ Bibliographie ] [ Vos liens ] [ notre FORUM ] [ English Version ]
Copyright © Licence Creative Commons Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Partage des conditions initiales à l'identique. - Site créé avec ThunderSite