Association CAMIN FERRAT
Nos amis les ânes
Qu'est-ce qu'un âne ? - Le clonage équin - Safari à dos d'âne dans les Balkans - Course en âne-taxi à la frontière albano-grecque - Massacre d'ânes en Australie -
"Les trois ânes de La Mouisse" Aquarelle de Bruno HUG - Le Caylar
TOUS DES ÂNES !
ATTENTION : LES FAITS DIVERS FONT DIVERSION. (Bourdieu)
Clonage équin : Les dangers d’une science n’ayant qu’une conscience mercantile.
La spéculation et l’appropriation de l’homme sur le vivant ne connaissent décidément aucune limite. En effet, on apprend, dans un article de presse, du 10 août 2004, qu’une entreprise française pourra « faire naître », puis commercialiser prochainement des étalons, clones de performers, hongres, en sauts d’obstacles et endurance.
La Confédération s’interroge sur les intérêts que peut comporter cette technique ? Permettra-t-elle une amélioration génétique des animaux ? Procurera-t-elle de meilleures conditions de vie et de travail aux éleveurs et à leurs chevaux ? Il est plus probable que le clonage diminuera la diversité génétique, en concentrant de surcroît un patrimoine génétique dans les seules mains de quelques fortunés inconscients. Cela ruinera des années de travail de sélection d’éleveurs passionnés et remet totalement en cause le fondement même de leur activité. De plus, les sports équestres, normalement aboutissement de performances individuelles ou collectives, n’auront plus aucune raison d’exister. Comment, dans ces conditions, transmettre des savoir-faire et une passion aux générations futures ? Comment oser encore parler de formation de jeunes éleveurs ou cavaliers au métier et à l’amour du cheval ?
Alors que la recherche scientifique doit permettre d’améliorer les connaissances et le bien-être des êtres vivants, dans l’intérêt de tous, cette pratique remet en cause le droit à la différence, essence même de la vie.
La Confédération paysanne ne peut tolérer cette mainmise sur le vivant, au seul profit économique de quelques apprentis sorciers. Elle invite toutes les instances de l’élevage, syndicats d’éleveurs, associations de races, fédérations sportives, à s’élever contre l’intolérable. Confédération paysanne,19 août 2004
Safari à dos d'âne dans les Balkans
Habité par quelques retraités d'une mine aujourd'hui fermée, le petit village de Stoïlovo (Bulgarie) était voué à une lente agonie. Mais de braves quadrupèdes ont changé la donne.
Si le capitalisme n'était pas arrivé, Gocho serait une bête de somme du Strandja [région située dans le sud-est de la Bulgarie]. Il mâcherait son foin dans la cour, en attendant de partir aux champs avec le pèreYanaki en tramant une charrette ou un araire. Et le pèreYanaki, lui, papoterait plus souvent avec les voisins, attablé devant un "perroquet" [pastis et menthe] pendant que la mémère remue la salade, au lieu de chercher quel numéro de cirque il pourrait bien concocter aujourd'hui pour les touristes. Mais voilà : les changements politiques et sociaux en Bulgarie ont transformé Gocho, de bête insouciante qu'il était, en âne à vocation euroatlantique. Sa mission quoti- dienne : offrir son dos à des fesses venues de l'Ouest. Fort de son expérience, Gocho sait déjà très bien ce qu'est l'Europe. Depuis deux ans, il participe avec vingt-cinq de ses camarades au programme de tourisme de montagne connu sous le nom de "safari à dos d'âne".
Ces ânes d'importance stratégique vivent dans le village perdu de Stoïlovo, en plein centre du Strandja. Les derniers étrangers que l'on ait vus sur ces terres, il y a presque un siècle, étaient les Turcs, fuyant dans la panique. Mais les choses ont changé du tout au tout depuis deux ans. Aujourd'hui, il y a quotidiennement une foule d'étrangers curieux que les habitants accueillent comme des dieux, jouant pour eux de véritables spectacles. Les metteurs en scène sont les dirigeants du parc national du Strandja et les organisateurs des tour-opérateurs étrangers. Ces derniers cachent soigneusement le montant des honoraires qu'ils versent aux vieux de Stoïlovo après chaque spectacle. Mais les intéressés n'hésitent pas à fournir cette information confidentielle : ils perçoivent de 60 à 70 leva [de 30 à 35 euros], ce qui n'est pas beaucoup mais leur permet de doubler leurs faibles revenus de retraités. Le show commence avec l'apparition du premier groupe - des mémés et des pépés allemands dont les pensions sont assez grasses pour qu'ils puissent partir en vacances en Bulgarie. Leurs homologues retraités de Stoïlovo se mettent alors au travail, certains en enfilant des costumes traditionnels qu'ils sortent de vieilles malles, d'autres en allant tresser des paniers d'osier en face de la mairie. Quant aux ânes, on les amènent sur la place. Gocho se trouve tout devant, avec le pèreYanaki à ses côtés. Il y ades années, celui-ci travaillait à la mine de Malko Tarnovo, qui prodiguaitle pain à des dizaines de jeunes ménages dans les villages du pays.Aujourd'hui, il n'y a plus ni mine ni population. Mais il y a des ânes. Aleur âge, les 160 habitants qui restent à Stoïlovo, tous à la retraite commeYanaki, ne peuvent fuir nulle part. Ils se mettent donc en rang sur la place avec leurs ânes, tout heureux de toucher quelques leva.
Pendant que les touristes sepromènent dans les environs en apprenant l'histoire fabuleuse de ces terreset de ce village vieux de quatre cents ans, les mêmes pétrissent le painet mettent de l'ambiance dans le magasin du village pour y nourrirleurs hôtes étrangers. Tout s'achève tard dans l'après-midi dans uneabondance de remerciements et d'invitations à revenir. Certains sonttellement ravis qu'ils prennent sur le-champ la décision de ne jamaisrepartir, achetant une maison à Stoïlovo pour avoir toute la beauté du coinà leur disposition. C'est ainsi que, l'été dernier, deuxfamilles françaises ont décidé au bout de deux heures que c'était l'endroitde leur vie. Elles ont demandé le prix d'une maison et n'en ont pas cru leurs oreilles : on ne leur demandait que 8 000 leva [4 000 euros]. LesFrançais ont eu vite fait de calculer qu'avec une maison bien à eux dansle Strandja, même en déduisant le prix des billets d'avion et de l'essence pour venir de l'aéroport jusqu'à Stoïlovo, leurs vacances leur coûteraient deux, voire trois fois moins cher que dans une région de villégiaturefrançaise. Après la conclusion de la transaction, la bonne nouvelle s'est vite répandue de bouche à oreille. Peu après, ce sont des Italiens qui ontacheté et, quelques semaines plus tard, deux familles britanniques sont venues à leur tour visiter des maisons.
A Stoïlovo, on en plaisante déjà.Les villageois racontent qu'ils sont les premiers Bulgares à vivre enEurope occidentale. N'ont-ils pas des morceaux de France et d'Angleterre au beau milieu de leur commune ?
Bojidar Bojkov - Courrier international - 18 décembre 2003
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A Sarande en Albanie des villageois proposent des courses de 2,5 kilomètres en âne-taxi, facturées deux euros, pour traverser la zone frontalière montagneuse avec la Grèce qui reste encore à aménager.
Au point de passage de Qafe Bote, dans cette région très pauvre des Balkans, les passagers du bus venant de Grèce découvrent un âne avec une pancarte "taxi" accrochée autour de sa tête.
"En fin de semaine et pendant les vacances, les gens arrivent chargés de bagages. Ces jours-là, je fais six courses", raconte Avni Mullai, 50 ans, ancien travailleur dans une ferme. Mais il ajoute que cette activité devrait se tarir quand une route proche reliant les deux pays sera achevée.
Massacre d’ânes en Australie : le plan « judas »
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L’Australie est connue pour ses populations envahissantes de lapins. Une clôture anti-lapins d’un seul tenant d’une longueur de 1833 km, achevée en 1907, est édifiée à l’Est de l’Australie et sépare le désert des terres agricoles.
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Cette barrière de bois et de grillage n’a pas arrêté que les lapins. En 1976 100 000 émeus, ce grand oiseau indigène qui ne vole pas, eurent l’envie d’émigrer vers l’ouest. La clôture fit barrage et il fallut abattre prés de 90 000 émeus.
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Mais d’autres animaux posent problème en Australie qui abrite les derniers troupeaux de chameaux et de chevaux sauvages. Les chameaux furent importés d’Inde en 1860 et, s’ils étaient 22 000 à être utilisé comme animaux domestiques en 1922, ils seraient actuellement plus de 200 000 a avoir élu domicile dans les déserts australiens. L’histoire des chevaux australiens commence en 1788 avec le débarquement de la première flotte anglaise. Les bêtes errantes ou enfuies se sont regroupées en troupeaux sauvages. Leur nombre s’est encore accru après la seconde guerre mondiale quand la cavalerie légère australienne a perdu de son importance et que les chevaux de race « walers » ont été rendu à leur liberté. On estime leur nombre à 300 000 et chaque année des milliers sont abattus pour être transformés en viande de boucherie pour l’homme et pour ses animaux de compagnie.
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Les premiers ânes, comme les chevaux, ont été importés vers la fin du XVIII° siècle. Ils étaient utilisés pour les transports et les travaux agricoles. Dans les années 1920 ils furent relâchés en masse et rapidement acclimatés se retrouvèrent trente fois plus nombreux que les ânes sauvages. Conçus pour vivre dans les régions désertiques, les ânes retiennent leur transpiration lorsqu’ils sont déshydratés et sont capables de survivre à une perte d’eau équivalente à 30% de leur poids quand un grand nombre d’autres mammifères ne supporteraient pas une perte supérieure à 12 ou 15%. Bien qu’ils préfèrent paître dans des herbages luxuriants, les ânes peuvent se nourrir de végétaux de médiocre qualité que ne consomment pas les bovidés.
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750 000 ânes occupent la moitié du continent australien. Cette population asine est devenue une menace pour l’économie et l’industrie bovine. Aussi entre 1978 et 1993 les ânes ont été abattus systématiquement. 500 000 ont été massacrés rien que dans le Nord-Ouest. Le « plan judas » consiste à remettre en liberté des ânes équipés (ces infos datent de 2001) d’un émetteur radio. Les 300 ânes actuellement équipés sont pistés par hélicoptère jusqu’à ce qu’ils retrouvent des compagnons. Tous les ânes, sauf le porteur de l’émetteur, sont tués. L’âne « judas » sympathise avec un autre groupe, localisé et exterminé, et ainsi de suite...
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Un membre de la protection de l’agriculture en Australie-Occidentale a déclaré : « Si on tolère seulement un petit groupe d’ânes, d’ici très peu de temps leur nombre sera de nouveau équivalent à celui des années 70. Souvent les gens ne comprennent pas pourquoi on massacre ces bêtes et on les laisse sur place. Cependant, ils ignorent à quel point les endroits où elles se trouvent sont difficiles d’accès. Aucune route n’y mène ; on peut les atteindre pour la plupart uniquement par hélicoptère. C’est l’intervention de l’homme qui est la cause du problème. Il faut donc limiter le désastre le plus humainement (?!) possible. »
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A l’abri des prédateurs et des maladies, ces animaux envahissent l’Outback australien. Mais n’imaginons pas pour autant cet espace, grand comme l’Europe et à peu près désert comme la Lune, comme un immense embouteillage de bêtes de somme indésirables.
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Ces informations sont tirées en grande partie de la revue « réveillez-vous ! »
DEFINITION : qu'est-ce qu'un âne ?
Ongulé plus petit que le cheval possédant de longues oreilles et des chataignes (marques noires) sur les pattes antérieures. Répartition géographique (pour les anes sauvages): Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie centrale. Habitat: prairies, savanes et déserts. Classe: Mammiferes; ordre: Périssodactyles; famille: équidés.
Selon les especes et les régions, l'ane sauvage est appelé hémione, kiang, boulang, onagre, koulan... Les races domestiques les plus connues sont celles du Poitou, des Pyrénées, du Berry, de Sicile, d'égypte et d'Afrique du Nord. La taille d'un ane varie de 1 a 1,50 metre au garrot et son poids de 150 a 450 kilogrammes. La couleur de sa robe est fonction de l'espece ou de la race : blanche, noire, gris souris, rousse et parfois blanc et noir, blanc et gris, etc. Son espérance de vie est de l'ordre de trente a trente-cinq ans.
C'est un herbivore tres rustique qui consomme fréquemment des végétaux fibreux de qualité tres médiocre.
La saison de reproduction des anes varie selon les especes. Apres une gestation de onze mois environ, l'anesse donne naissance a un seul anon; ce dernier sera allaité durant six a dix mois, absorbant de deux a six litres de lait par jour.
Les anes forment des groupes peu hiérarchisés et tres mouvants. Les combats entre males sont tres violents (morsures profondes, coups de sabots) pour obtenir et défendre leur territoire. Les systemes de communication sont principalement olfactifs (urine), sonores (braiments fréquents et puissants), visuels (abaissement ou redressement des oreilles et de la queue) et tactiles (épouillages entre femelles).
Sélectionné a partir de l'ane sauvage africain -Equus asinus, comprenant deux sous-especes: l'ane de Nubie et l'ane de Somalie-, l'ane domestique est utilisé des 3000 ans avant J.-C. en Palestine pour transporter les marchandises, bien avant le dromadaire. Tres vite, il se répand dans le sud de l'Europe et devient, au Moyen \'c2ge, l'animal de bat et de monture des plus démunis. Irascible mais besogneux et capable de porter de lourds fardeaux par rapport a son poids, il est encore tres utilisé dans les pays en développement.
L'ane sauvage devient rare (l'ane africain est en grand danger et l'onagre d'Asie vulnérable) et l'Ane domestique tend a disparaitre dans les pays occidentaux. En France, la population asine est extremement réduite, avec moins de 20 000 animaux. Diverses associations ont entrepris de sauvegarder les races domestiques. Le baudet du Poitou, animal de grande taille a la robe velue, l'ane pyrénéen aux poils ras de couleur brun roussatre et l'ane francais commun a la robe souris claire font ainsi l'objet de plans d'élevage tres surveillés.
Le mulet (et la mule), croisement d'un ane et d'une jument est plus résistant que l'ane; c'est un excellent animal de bat en montagne. Le bardot, issu d'une anesse et d'un cheval, est encore plus rustique. Ces animaux hybrides sont généralement stériles.
Symbole de pauvreté et d'humilité dans la religion chrétienne, l'ane réchauffe Jésus dans la creche, permet sa fuite en Egypte, lui sert de monture lors de son entrée a Jérusalem. En Inde, les divinités célestes sont transportées sur son dos. Il peut aussi devenir un objet de risées. De sa longue familiarité avec les plus humbles au sein des soci\étés rurales traditionnelles, l'ane a conservé une image fréquemment péjorative, construite par opposition a celle du cheval, monture noble. Sa lourde tete a l'expression jugée peu éveillée, sa capacité proverbiale d'entetement ont fait de lui une figure de la stupidité: de la légende du roi Midas au bonnet d'ane des cancres d'autrefois, la littérature et la langue abondent en exemples.
Tiré de l'encyclopaedia universalis 1999 | |