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Association CAMIN FERRAT

 QUELQUES NOTES (provisoires) SUR L'HISTOIRE DE CAMPESTRE

Ce que j'en sais...

Aperçu historique - Epoque celtique - Domination romaine - Francs et sarrasins - La Septimanie - La croisade des Albigeois - La guerre de cent ans - La baronnie d'Hierle - La viguerie du Vigan - La Révolution - La peste et autres calamités - Les foires -

LA COMMUNE DE CAMPESTRE ET LUC - Le village de Campestre - les hameaux

Blason de la Commune de Campestre et Luc .

Gerbe de sinople (c'est la couleur verte en héraldique, et pas une céréale madame la première adjointe !) sur fond d'or.

 Petit historique général du blason

Né au cours du XI° siècle, et diffusé plus largement en Europe avec les Croisades, le blason, chargé de toute sa symbolique, fait ses premiers pas dans un Moyen-Âge culturellement tourné vers l'abstrait. Il y prend une place de premier choix, notamment dans les tournois et lors de
la confirmation d'actes officiels, jusqu'à devenir une véritable science : l'héraldique, avec ses propres règles, sa propre terminologie et sa propre grammaire.

Au fil du temps, il est devenu le moyen le plus simple d'afficher l'appartenance individuelle à une communauté (la famille le plus souvent, mais aussi la corporation religieuse, la ville, la corporation de métiers, la seigneurie, etc.)  Il continue à être de nos jours le symbole de l'attachement à la famille et aux ancêtres.

L'erreur la plus communément commise est de penser que l'héraldique est le signe exclusif de la noblesse. On retrouve, par exemple, des blasons de marchands dès le XII° siècle. Les roturiers sont autorisés dès la fin du Moyen-Âge à agrémenter leur écu d'ornements extérieurs (Casque, Heaumes, Couronne, Lambrequins, etc.). Il s'est largement diffusé dans les familles du Tiers-Etat, notamment lors de
la grande enquête de d'Hozier, commandée par le Roi Soleil entre 1696 et 1701. Environ 200.000 personnes ont bénéficié de l'enregistrement de leurs armoiries, nobles mais aussi ecclésiastiques, bourgeois, magistrats, marchands, etc.

 

 

 

 

 

Aperçu historique

Toujours situé dans un espace frontière, il est difficile de dire avec certitude ce que fut notre causse dans les temps reculés. Nous vous présentons ce que nous avons trouvé avec quelques garantie de sérieux.

 

Bien qu'habitée dès le néolithique la région ne se peuple réellement qu'il y a 2500 ans avec l'arrivée des tribus celtiques du sud-ouest de l'allemagne. Contrairement au plateau de Blandas, aucune trace d'occupation humaine n'a été relevée à notre connaissance sur le causse de Campestre pour la période néolthique. Une seule découverte de faune sauvage (griffes de mammifère) a été faite en 1962 à l'aven de l'Arbre sec à proximité du Luc.

Epoque celtique. Espace frontière, le causse de Campestre est situé en limite de deux peuples celtiques (ou gaulois), les Volques arécomiques à l’est dans les garrigues nîmoises et les Cévennes méridionales, et les Rutènes dans l’actuel aveyron. Les Volques arécomiques étaient venus vers l'an 400 avant J. C., remplacer sur ce sol les Ibéro-Ligures, qui l'avaient peuplé avant eux.

Présence des romains dans la région en 122 avant J-C. C’est la Gaule Narbonnaise. Ils exploitèrent le cuivre à Arrigas. Ils se sont établis dans notre région après avoir repoussés ou soumis les peuples celtes (en –52 pour les Rutènes) qui étaient présent respectivement depuis les VII et IV° siècle avant J.-C. Et l’on voit ainsi le chef de guerre ruthènes Tapinos, sur le Larzac frapper monnaie a son effigie. La paix romaine persistera plus de quatre siècles.

Nous avons la certitude de la présence d’une villa romaine sur le plateau au vu des débris retrouvés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

drachmes rutènes                                             monnaies romaines

                                                                                             

 

Le christianisme est prêché dans les Cévennes dès le IV° siècle. Création de l'évêché d’Arrisitum en 531, dont le siège épiscopal était peut-être dans les faubourgs du Vigan.

Après la menace d’autres envahisseurs (les vandales), les wisigoths étendent leur autorité jusqu’au Rhône en 462. Pour 200 ans la région devient la Septimanie.

Le Vigan et Lodève sont sous domination franque en 533. Fondation de l'évêché d'Arisitum au Vigan.

Sarrasins au début du VIII° siècle. Invasion de la Septimanie en 719 et présence dans les vallées de L’Aigoual attestée en 721. En 732 ils détruisent le monastère bénédictin de Nant. L'installation de ces envahisseurs dans la région est confirmée par les objets exhumés lors de fouilles et par certains toponymes (par exemple le col de Mourèzes au-dessus d'Aumessas, signifierait « col des Maures »). Après la victoire de Poitiers -« les Maures arrêtés à Poitiers » de notre enfance-, mais surtout de St-Just d’Ardèche, des prisonniers (esclaves) sarrasins resteront présents dans la région au-delà de 732.

 

Traité de Verdun en 843, le « Pagus Arisitensis », région du Vigan du nom de la rivière de l’Arre, est inclus dans le royaume de Charles-le-Chauve avec l’ensemble de la Francia occidentalis.

Le comte de Toulouse hérite de la Septimanie en 918 (ou en 897)

C’est à cette époque que comte et vicomte qui gouvernaient le territoire devinrent des possesseurs héréditaires. C’est aussi le temps du servage pour les fermiers qui sont souvent vendus avec les terres.

Le XII° siècle voit l’arrivée des ordres religieux militaires. Tout d'abord l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem en 1113. Leur mission : l'hébergement et le soin aux pèlerins. En 1120, un ordre parallèle, l'Ordre du Temple est créé afin d'assurer la sécurité des mêmes pèlerins en Terre Sainte. Philippe le Bel ordonnera, en 1307, l'arrestation de tous les Templiers de France. L'Ordre, trop puissant, accusé d'idolatrie et d'hérésie, est aboli par le Pape en 1312. Ce sont les Hospitaliers qui recueilleront tout l'héritage des Templiers. Les Templiers avaient pris possession de nombreux domaines sur le Larzac en 1150 : Ste-Eulalie, la Couvertoirade, La Cavalerie...

Les barons de Roquefeuil s'opposèrent avec acharnement aux templiers, malgré que certains d'entre eux firent partie de l'ordre. Razzia sur les bestiaux du Luc paissant sur le Larzac et vol de gerbe à la Couvertoirade à la tête d'une troupe de cent hommes en 1257. Pillage de la ville de Sainte-Eulalie et du château en 1337 avec outrage sanglant à un des principaux dignitaire de l'Ordre.

 

Croisade dite des Albigeois en 1209 à l'initiative du pape Innocent III, dirigée contre la religion cathare (du grec katharos : pur). Elle sera le prétexte à la destruction du Midi par les seigneurs du Nord. Le seigneur de Roquefeuil participera à la coalition des seigneurs occitans pour s'opposer à l'invasion et subira l'excommunication en 1225. St-Jean servit de refuge aux sympathisants cathares. Le patronyme Albigès est resté fréquent dans la population St-jeantaise.

Nous n’avons pas d’information sur la pénétration locale du catharisme ou de l'hérésie vaudoise à part que le château de Caladon, dont les vestiges sont visibles à deux kilomètres d’Aumessas, fut détruit au cours de la guerre des albigeois (Régis Bayle - Arrigas à travers l'histoire). Cette civilisation occitane propose l'exemple du "paratge" c'est à dire l'égalité. De nombreuses terres sont possédées en alleu par des propriétaires libres, les femmes sont considérées comme égales des hommes y compris sur le plan de l'héritage, une grande tolérance s'applique à l'égard des juifs, des arabes et des cathares. "C'est toujours un grand malheur, quand par surprise, la civilisation doit céder le pas à la barbarie et le triomphe des franchimands retarda de deux siècles la marche du progrès" Frédéric Mistral.

 

Durant la guerre de Cent Ans (XIV-XV°), après le traité de Brétigny, le Rouergue (de Rutanicum : des Rutènes) passe entre les mains des Anglais sans grand bouleversement pour la population qui s’accommoda assez bien de cette occupation. Plus que les anglais, le sujet de crainte de nos populations sont les routiers et écorcheurs des grandes compagnies mercenaires anglaises comme françaises, a qui l'on doit la destruction du château et de l'église de Génolhac ou le pillage du Caylar. En 1375, l'une de ces bandes dévastala vallée de la Dourbie. Alzon n'est pas épargnée, tous les villages prennent des précautions.

Voici un aperçu des pratiques des mercenaires de l'époque d'après Siméon de Luce : "Un de leurs divertissements favoris est de briser les dents des paysans à coups de cailloux et de leur couper les poings..." Le danger ne vient pas toujours de l'ennemi étranger ...

 
 
La baronnie d’Hierle

La baronnie d’Hierle voit le jour vers l’an mille. Elle relevait de la couronne et était l'ancienne Vicaria Arisiensis des carolingiens, au XIV° siècle elle comprenait 22 paroisses, dont Campestre, et 12 châteaux dont Roquedur, Sumène, St Laurent, Vissec, Rogues, Blandas, Madière, et Campestre. Elle couvrait les limites actuelles des cantons d’Alzon, de Sumène et du Vigan. Au XIII° siècle, Campestre faisait déjà partie de la Baronnie d’Hierle dont le chef lieu était Aulas, succédant à Roquedur après la guerre contre les albigeois.

 

 Blason des Bermond

 

Au début du XII° siècle (1243) la seigneurie appartient aux Bermond seigneur de Sauve (dont la tour du château domine encore le village) et d'Anduze, puissante famille des Cévennes d'origine sarrazine, qui embrassèrent le catharisme accompagnés par certains de leurs vassaux (mais serviront la cause de Simon de Montfort au moment de la croisade contre les seigneurs du Midi). En 1280, Pons de Saint-Just, évêque de Béziers achète la direction de la baronnie que revient à Philippe IV-le-Bel (le tombeur des templiers) en 1293. En 1363, le seigneur d’Hierle est Gilbert de Pierrefort. La famille  de Peyrefort en conservera la propriété jusqu’en 1541. Elle fut vendue à cette date à Fulcrand 1er de Monfaucon (ou François ?). La baronnie comprend alors les cantons actuels du Vigan, Alzon, Trèves et Valleraugue, augmentés des communes de Meyrueis et Gatusières. La famille de Montfaucon, seigneurs de Vissec, la gardera jusqu’à ce que Claude, fils de Fulcrand II d’Assas, ancien vassal de Montfaucon, en obtienne la jouissance en 1653.Le dernier baron d'Hierle mourut en 1747, sans postérité "léguant" tout à sa femme. Après la mort de la marquise, c'est le marquis de la Tour du Pin qui en hérite et le gardera jusqu'à la Révolution.

 

Au Moyen-Age, une autre puissante maison, liée à l’histoire de la commune puisque Le Luc faisait partie de leur possession, côtoie la baronnie d’Hierle au nord et à l’ouest, il s’agit des barons (puis marquis) de Roquefeuil qui fondèrent le monastère de Notre-Dame-du-Bonheur en 1002. St-Jean-du-Bruel, qui bénéficia d'une charte de franchises en 1295 de Raymond de Roquefeuil, s’appelait autrefois St-Jean-de-Roquefeuil. Leur fief, le château féodal d'Algues, domine la vallée de la Dourbie entre St-Jean et Nant.

Le Marquisat de Roquefeuil fut racheté par le Marquis de Faventines quelques années avnt la révolution.

 

La Viguerie du Vigan

Cette baronnie fit partie de la Viguerie (étendue de la juridiction avant 1789) du Vigan. La viguerie était un organisme administratif intermédiaire entre la commune et le diocèse fiscal, assez analogue à notre arrondissement actuel. La viguerie du Vigan faisait partie du diocèse fiscal de Nîmes jusqu’en 1693, puis d’Alès après la révolution de 1789. La vie administrative de la viguerie se confondait presque avec celle de la Communauté du Vigan, car le même personnel assurait les services de l’un ou de l’autre. On peut faire un parallèle facile avec le fonctionnement actuel de la Communauté de Communes et la commune du Vigan.

Au Vigan, le Viguier est le représentant du roi, souverain et coseigneur. Pendant les guerres de religions, l’office, jusqu’alors entre les mains des Montfaucon de Vissec, catholiques, passe aux La Farelle, protestants.

En 1583 , Jean de La Farelle, sieur de la Rouvière, occupe la charge. En 1625 se sera Guillaume d’Ortoman.                                                                                           Blason des Ginestous

Après l’Edit d’Alès, le 27 juin 1629, B. de Boyers, sieur de Camprieu. L’Edit d’Alès entraîne l’abolition de tout le passé, la démolition de toutes les fortifications et le rétablissement de l’Edit de Nantes. La Paix d’Alès marque cependant la défaite du duc de Rohan et de ses coreligionnaires protestants.

Plus tard la charge passa à la famille Ginestous d’Argentère.

La Viguerie du Vigan et de Meyrueis contera 35 communes en 1533, 37 en 1582, 38 en 1632. Cet accroissement est du à l’importance que prennent certains hameaux.

 

Luc et Campestre font partie des circonscriptions diocésaines d’Alais avant 1790.

L’Archiprêtré du Vigan se composait de 19 paroisses :  Alzon, Arre, Arrigas, Aulas (avec Bréau, son annexe), Aumessas, Avèze, Bez, Blandas, Campestre, Esparon, Luc, Mandagout, Molières, Montdardier, Pommiers, Rogues, Saint-Bresson-d'Hierle, le Vigan, Vissée.

Les guerres de religions

Il y eut trois périodes de troubles : la première de 1560 à 1598 jusqu'à l'Edit de Nantes, dit de Tolérance; la deuxième de 1610 à 1629, de la mort d'Henri IV à la paix d'Alais (Edit de Grâce); et la troisième commence avant même la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, l'épisode de la guerre de Camisard durant de 1702 à 1710.

Le château d'Algues (saint-Jean-du-Bruel) fut brûlé sur ordre de Richelieu en 1629.

 

La Révolution

Tous les habitants ne supportaient pas avec plaisir l'autorité de l'église : "Citoyens, il y a longtemps que nous étions sourds et aveugles, mais actuellement nous commençons d'y entendre et d'y voir. Ne laissons plus un seul instant sans faire la guerre au fanatisme. Ecartons de nous ces enchanteurs, ces ministres de tout cultes qui nous avait tout induits en erreur par des discours superstitieux qui n'étaient fondés que sur l'espoir du lucre. Imitons nos voisins qui nous ont donné l'exemple, abjurons de nos erreurs, changeons notre ignorance à la place de la vérité, ne reconnaissons d'autres cultes publics que celui de la raison et de la vérité, changeons notre église en temple de la raison... Faisons disparaître les signes du fanatisme. Etablissons à sa place ceux de la Liberté, brûlons tous les déguisements des charlatans, c'est le seul moyen de déjouer le complot de nos ennemis." Jean-François Arnal, maire d'Alzon le 18 Ventôse an II

Cahier de doléances de la paroisse de Campestre du 9 mars 1789 : un trop plein d'impôts.

Cahier de doléance de la commune du Luc le 23 brumaire an 3e de la république française : sus aux loups. 1795

Le XVIII° siècle se révéla aussi une période très noire pour le Rouergue qui connut l'une des misères paysannes les plus dramatiques. C'est en 1800 qu'on y découvrit le célèbre " enfant loup " qui passa les onze premières années de sa vie dans la forêt.


La chasse, grande conquête de la Révolution de 1789 avec un gibier autrefois abondant (sauf le sanglier). La chasse au sanglier, si prisée aujourd'hui par nos chasseurs, aurait fait sourire les hommes de la préhistoire qui préféraient, eux, les gros gabarits : l'ours, par exemple, dont la peau était du plus bel effet en hiver, le cheval pour sa viande tonique, les cerfs ou encore le rhinocéros.

Mais de nouvelles féodalité apparaissent de nos jours avec la création de grands enclos de chasse privé.(Calmels-Le Luc par exemple qui regroupe plus de mille hectares)

Je signale que ce furent les Maures, qui lors des invasions du XV° siècle introduisent la genette, petit mammifère carnivore, dans la région. Elle était utilisée pour sa fourrure et la chasse aux souris. Son nom est d'ailleurs d'origine arabe, jineta.

Anciennement dans nos campagnes, parce que le permis coûtait très cher, beaucoup ne pouvait pas se le payer. Aussi le braconnage était courant. Si les gros propriétaires chassaient pour le plaisir, beaucoup d'autres dans les fermes et les hameaux, chassaient par nécessité, la chasse étant pour eux un second revenu. Un lièvre n'était alors consommé que s'il était vraiment abîmé.

Une journée de chasse ramenait trois ou quatre lièvres et l'epouse partait (à pied) pour la ville ou le village voisin pour vendre ce gibier.


La peste... et autres calamités. Cliquez ici 

Les loups (a venir ... )


Les foires 

Au début du siècle, chaque village ou presque avait ses foires. Il est vrai qu'on marchait à pied et qu'on ne pouvait donc aller très loin.

Beaucoup de ces foires ont disparu dans les années d'après-guerre, entre 1945 et 1960. Certaines de ces foires étaient très spécialisées : en Aveyron, Lunac pour les porcs, Savensa pour les chevaux, Saint-André pour les brebis, ou Marmont pour les oignons.

" Certaines de ces foires avaient des allures de fêtes foraine. e me rappelle avoir vu à Lunac un manège vers 1920 entrainé à bras par deux hommes." comme on en rencontre encore de nos jours dans les villages de l'Inde.

Petit à petit, toute cette animation périodique de nos villages est tombée au profit des seuls grands centres, Millau, Le Vigan, Lodève.

A Nant, la plus importante des foires était la "loue" qui voyait encore jusque dans les années cinquante arriver le monde des hameaux et communes voisines de Sauclières, Saint-Jean, La Cavaleris, L'Hospitalet, le Fraissinet...Les domestiques, bergers et ouvriers agricoles venaient se louer ce jour là, ou renouveller leur bail avec leur patron. Les discussions (en occitan, sûr !) allaient bon train, maîtres et serviteurs échangeaient confidences et renseignements, les réputations se faisaient ou se défaisaient.

Il y avait une foire identique à Campestre pour la St-Michel où ceux qui voulaient se louer se présentaient pour l'embauche. D'où cette ritournelle :

"Sonne, sonne l'horloge / tourne, tourne le soleil

Que Saint-Michel approche / De maître nous changerons.

La foire aux cochons de Saint-Jean-du-Bruelretour de marché en Aveyron

Située à un carrefour de routes, St-Jean était destinée à recevoir des foires.

Pendant longtemps, il y eut des foires d'une certaine importance : le 7 janvier, le lundi gras, les lundis qui suivent le 19 mars, le 26 avril, le 24 juin , 6 septembre, 6 octobre, 4 novembre, et 6 décembre. Mais la facilité des éplacements automobiles a fait perdre toute leur importance et leur raison d'être à ces rencontres. Les acheteurs s'approvisionnent ailleurs et autrement.

<< Je vais essayer de faire revivre ces foires d'antan. Celle du 7 janvier était la foire des cochons gras. Ces cochons jouissaient d'une bonne réputation ; on terminait leur engraissement avec des châtaignes et les fameux "castagnous", châtaignes sèches, qui faisaient des viandes de qualité et des lards jusqu'à dix centimètres.

Tout le tour de l'esplanade, les éleveurs présentaient leurs cochons. Il y avait beau et encore plus beau, gros et encore plus gros. Certains éleveurs saint-jeantais, attendaient, vers les onze heures, le moment où les acheteurs, venus parfois de fort loin, étaient les plus nombreux pour exhiber leurs cochons Ils défilaient à pied dans la Grand Rue; les cochons pouvaient à peine se déplacer, leur gros ventre traînant presque jusqu'à terre, parce qu'on les avait fait manger "à sadoul" selon la coutume. Lorsqu'il faisait très froid et que ces cochons n'étaient pas vendus dans la journée, ils risquaient fort alors d'attraper une grosse indigestion et à la limite d'en crever.

Tous les éleveurs n'exagéraient pas dans cette pratique, mais certains, bien connus, étaient des spécialistes de ces abus. Le poids de ces bêtes s'échelonnait de 180 à 250 kg, la grande majorité dépassant les 200 kg. Chaque éleveur se faisait un point d'honneur d'avoir de belles bêtes, "bien finies". Le peseur public, Monsieur Deleuze, avait fort à faire ce jour-là, avec son "romo" officiel poinçonné, tellement les cochons criaient et se débattaient. Mon grand-père me racontait qu'avant la pesée intervenait un spécialiste appelé communément le "sanaire" qui vérifiait si la bête était vendable, (si elle n'était pas ladre). A plusieurs, on tombait la bête par terre pour l'immobiliser. Ensuite avec un outil on la forçait à ouvrir la gueule. Le sanaire la "languettegeait", opération qui consistait à regarder puis à vérifier avec la main s'il n'y avait pas sous la langue de petites boules contenant des œufs de ténia. Dans ce cas, elle était déclarée impropre à la consommation. Cette maladie a disparu heureusement depuis longtemps.>> (Nos racines, éditions de la Diège, Fédération départementale des ainés ruraux de l'Aveyron)

Concernant l'histoire de St-Jean-du-Bruel je signale deux numéros de "Causses & Cévennes" le N°1/2004 et le N° 4/2004

ainsi que "l'histoire de St-Jean-du-Bruel par M. Prunier (je recherche les références ....)

 

La commune de Campestre-et-Luc

A l’exception de Campestre où les bâtiments sont serrés les uns contre les autres en blocs compacts, les hameaux du causse de Campestre sont des regroupements lâches répartis le long des chemins d’exploitation des champs et des voies de communication. Le domaine du Luc fait exception avec les bâtisses actuelles du 19° qui s’apparentent à des bâtiments industriels (longues constructions d’un seul tenant réunies autour d’une cour carrée, grandes ouvertures, les toits étaient garni de chien-assis).

 

Réunion des communes de Campestre et du Luc

Les deux paroisses sont réunies en août 1808.

Les communes sont créées par l’Assemblée Constituante en 1789. La minuscule commune du Luc ne pouvant s’organiser, les communes  du Luc et de Campestre n’en forment plus qu’une par décret du 21 septembre 1812 signé par Napoléon « au quartier impérial de Moscou ». Le décret ne prend effet qu'un an plus tard en 1813.

 

Le travail administratif continuait pendant les campagnes guerrières. Ainsi André Malraux, dans « Les chênes qu’on abat » écrit « Napoléon, lui ; n’a pas su choisir entre le Généralissime et l’empereur. Avant Leipzig il a passé des heures à signer des décrets »

(Leipzig, bataille contre les alliés, 1813)

 

Campestre               

(blason : d'or, à une gerbe de sinople – couleur verte en heraltique)

 

Les seigneurs

M. Lapomerède prieur de Campestre 1754

M. Devessac seigneur de Campestre – novembre 1768

Mre Jean Baptiste de Mailhac, baron de Vessac, seigneur de Campestre – juin 1778

 

 

Origine linguistique et historique

De l’occitan campèstre, du latin campestris, « campagne, champ »

 

1234 : Parochia de Campestre

1261 : Turris et fortalicia de Campestre

1271 :  Caussium, Caucium de Campestre ; Villa de Campestre ; Parochia Sancti-Johannis de Campestre

1303 : Castrum de Campestrio

1314 : Locus de Campestre

1384 : Campestroe

1430 Campestrium

1466 & 1513 : Parochia de Campestrio

Châteaux et bâtisses remarquables

Restes du château 13° & 14°, corps de logis avec échauguette et tour d’angle de plan circulaire.

En l’an 1276 Pierre de Montdardier, seigneur du château et du mandement de Campestre transmet les terres du mandement, ou paroisse de St-Jean de Campestre, à la communauté des villageois qui sont nommés dans l’acte de vente. Pierre de Montdardier en garde la seigneurie directe et perçoit le cinquième de la récolte de blé et de légumes, ainsi que la censive (redevance annuelle et perpétuelle au seigneur) en froment et avoine. Interdiction est faite aux acheteurs de revendre leur bien en dehors de la communauté. Cet acte est rédigé par le notaire royal de la baronnie d’Hierle « à Campestre sur la place dessous l’ormeau ».

Le château fit longtemps partie du fief des Estienne de St-Martial (XV°), auxquels succédèrent les Nouvilles au XVI° et les Guichard au XVII° siècle, ainsi que les Mailhaic et Vessac. Les seigneurs de Campestre étaient les vassaux du Baron d’Hierle.

 

Eglise St-Jean-Baptiste, ancien pèlerinage pour les enfants rachitiques et mal formés.  Les trois nefs sont de style roman. Abside des 12e & 13e. Horloge ___ ?

En activité en 1557, réparée en 1644, en 1743 et 1746 (reconstruction de la voûte), restaurée entièrement et agrandie en 1865. L’entretien de l’église constitue la dépense principale de la commune depuis plus de trente ans. Tentative d’incendie de l’église en juin 1703 par les Camisards. Deux des attaquants originaires d’Aumessas furent pris par la population, jugés à Nîmes et décapités.

Une très belle bâtisse presbytérale bâtie en 1693 environ, agrandie vers 1723, peut-être utilisée un temps comme couvent si l'on en croit la rumeur locale ( ?).

 

La population 

La population animale  ( In ovins véritas)

Les ovins sont présents dès la préhistoire sur la zone des causses et l'élevage est certainement l'activité la plus ancienne sur le territoire de la commune.

En 1893 : 3000 ovins, 36 chevaux (chevaux de trait), mules, mulets et ânes 30 (exemple à Sauclières : 61 mulets pour 4 ânes de race poitevine), 54 bovins (nombreux bœufs de labour), 160 porcs et 50 chèvres.

Dont au Luc (colonie pénitentiaire) _____ ?

Une douzaine de boeuf travaillera au Luc dans les années 30, à la fin de la "colonie".

En 2003 il ne reste plus que 700 brebis en deux troupeaux et une cinquantaine de ? chevaux

La production de laine est à l’origine de l’importance des troupeaux d’ovins sur les causses. La vocation laitière ne prend son importance qu’à la fin du 19e et jusqu’à la fin des années 50 ou Roquefort « Société » réduit ses collectes. Crée au mauvais moment lors de du début de l’expansion de la « Société » Roquefort, la tentative de la fromagerie et cave du St-Férréol a échouée.

La population humaine

Les chiffres peuvent être très fluctuant conséquences des conflits armés, des difficultés économiques, des conditions climatiques et des épidémies....

1384 : 4 feux. Le recensement de 1341 a été effectué en nombre de feux. Un feu est un foyer, au sens utilisé aujourd'hui par L'Insee, c'est à dire la réunion de plusieurs personnes, liées ou non par les liens du sang, et vivant sous le même toit. Pour en déduire une indication de population, il faut donc évaluer le nombre de gens qui habitaient, à l'époque, couramment sous le même toit. Imaginons une famille de deux parents, deux enfants, et un nombre d'ascendants et de serviteurs tellement variable qu'il est difficile à déterminer par principe. Intervenant après une période de 100 ans sans perturbation notable, ce recensement doit donner une idée d'une province au plus haut de sa richesse. Il a été effectué par des agents du roi, dans toute la France, ce qui laisse penser que les méthodes ont été assez rigoureuses.

A titre de comparaison, Sauclières (De Senclieyras) en 1341 compte 96 feux.

1611 : 160 feux pour 240 communiants (adultes en âge de communier) d’après un compte rendu de visite épiscopale. C’est une mauvaise période économique doublée de guerres civiles.

1675 :

1799 : 446 habitants

 

Pour l’ensemble de la commune : 667 habitants en 1842, 1876 : ?, vers 1893 l’instituteur de Campestre note que « la population n’est pas mêlée d’éléments étrangers », 901 habitants catholiques et 2 protestants. A la fin du 19°-début 20° (entre 1850 et 1895 pour notre région) c’est une période d’apogée de la France rurale où les campagnes sont pleines.

La chute de population sera brutale à partir des années 1950 :  72 en 1982,  80 en 1990, 117 en 1999 dont 54 femmes et 63 hommes, pour actuellement 148 (!) électeurs (décembre 2003).

1881 : 874 H. / 1890 : 903 H. / 1891 : 805 H.

1901 : 629 H. / 1911 : 454 H. / 1921 : 392 H. / 1931 : 229 H. / 1936 : 220 H.

1954 : 164 H. / 1962 : 120 H. / 1968 : 110 H. / 1975 : 94 H. / 1982 : 72 H.

1990 : 80 H. / 1999 : 117 H.

Le mythe du « nous sommes né ici » : sur un total de 108 personnes de plus de 15 ans, seuls 20 sont nés dans le département ! et 48 dans la région (INSEE 1999). Le fort rejet des « pièces rapportées » par les « nous sommes né ici », minoritaires,  n’a pas lieu d’être. Il faudra bien chercher ensemble des réponses acceptables pour éviter la ruine de nos villages. Chasseurs et écologistes

 

La commune de Campestre-et-Luc est la seule commune du canton d’Alzon a avoir  enregistré une augmentation de population entre 1968 et 1999 (+6,5% contre –25% pour la commune d’Alzon). Toutes les autres communes ont connu une nette diminution. Le nombre de résidences principales est passé pour la même période de 33 (29 en 1975) à 46 (soit +39,5% d’augmentation). Les résidences secondaires connaissent une multiplication de 311% en passant de 18 à 56 résidences. Les résidences secondaires prennent peu à peu le pas sur l’habitat permanent. Elles sont à la fois une bouffée d’oxygène en dynamisant l’activité économique et culturelle, et un étouffoir pour la vie à l’année sur le causse.

En 1890 la commune comptait 2 maréchaux-ferrants, un charron (Bergonnier ?), un menuisier, un tailleur, 4 cordonniers et 4 maçons (dont la famille Bergonnier, maçons depuis 10 générations à Campestre). On rencontrait également 3 épiciers, 2 ou 3 marchands de toile et tissus, 2 marchands de bestiaux et 2 aubergistes débitants de boissons qui « ne sont fréquentés que le dimanche ». La commune employait un garde forestier et un garde champêtre. La foire avait lieu le 2 septembre. La fête patronale donnait lieu à des bals champêtres avec violons, clarinettes ou hauts-bois.

 

Carrières de pierres pour la construction des viaducs et des tunnels de la ligne du chemin de fer Le Vigan-Tournemire inaugurée en 1896. Le départ du chemin de câble est encore visible sur le causse près des carrières de pierres dont l'une d'elle a servi de décharge publique très récemment (2002).

 

 

LES HAMEAUX

« Il est vraisemblable que pendant le cours du Moyen-Age, les mas (mansus) ont donné naissance à des hameaux qui, suivant l’étendue et la valeur des dépressions, sont demeurés tels ou sont revenus à leur état initial d’exploitation unique. » A.D-T

Notons que les noms de plusieurs hameaux de la commune sont des patronymes locaux courants : Salze, Viala et Grailhe. Ou Homs , Clamens qui ont disparu.

 

LE LUC  

 

 

 

 

 

 

 LE SALZE        

 

blason : d'azur à trois chevrons d'argent.

Identique à celui de Blandas

 

 

 

  Homs / Oms

Oc. Olm, lat. Ulmus, “orme”  (L’appellation du col de « l’homme mort » entre St-Guiral et Linguas pourrait ne pas être liée à une anecdote humaine mais à la présence d’un arbre remarquable.)

 1272 : Mansus de Ulmis,

1330 : Mansus de Holmis

1789 : Les Ons (Les ONS, carte murale musée cévenol) ?

 

Viala

Oc. Vialar, vilar , lat. villare « hameau, village » (peut signifier « domaine » avec le a final accentué).

1321 : Mansus de Vilario

1468 : Mansus del Vilar

1513 : Mansus de Villa parochioe de Campestrio

C’était une propriété des de Faventines, seigneurs du Salze et du Viala aux XVII° et XVIII°.

 

Mas Gauzin

Gaussen, ancien hameau, nom de personne germanique : Gauzhelm

Gaulz : nom d’une divinité, helm : casque

? autre explication : sobriquet tiré du coq « gau », oc. Gal

Mas : oc. Mas « ferme, hameau, métairie ». lat. mansus « terme féodal désignant une exploitation rurale occupée par un seul tenancier »

Jusqu’à la révolution le terme de « manse », puis de mas (voir les compois), est appliqué non seulement à l’exploitation isolée mais au hameau où vivent plusieurs familles. Par un phénomène inverse les hameaux se sont retrouvés exploitation unique jusqu’à la fin des années 70 où de nouveaux arrivant se sont installés dans les hameaux désertés par la population locale (par exemple le hameau du Salze).

 

 Régagnas

Oc. Regagnhàs « rire sardonique, ricanement »

1468 : Mansus de Reganhacio

Situé physiquement sur le causse de Campestre, Régagnas appartient à la commune de Vissec.

 

 

Grailhe

 

Nom de famille, sobriquet gralha « corneille »

1509 : G. Gralhe

 

 

 

Magettes

Oc. Malh « manteau de forge »

N’apparaît pas sur le cadastre de 1828, qui a retrouvé sa place à la mairie de Campestre après restauration.

Licides

Pourrait provenir de Lisside, de l'oc. Eissida signifiant « sortir, issue ». L’ancienne voie du village du Salze passait par cette ferme pour rejoindre le village d’Alzon.

 Valcroze

Mansus de Vallecroza 1261

Crosa : creuse + val : vallée

Présence d'une ancienne mine romaine (également au Villaret, au Caylaret, et à Verda pour le cuivre et le plomb argentifère et à Aurières pour l'or) et d'un four antique (un autre est situé au Villaret) qui permettait d'obtenir du cuivre. L'exploitation de ces mines relevait du travail familial. Ces mines ont été creusées et abandonnées avant l'utilisation de la poudre et n'étaient plus en activité en 1541 lors du dénombrement rédigé par François de Montfaucon, baron d'Hierle.

Clamens

Ancien hameau disparu situé entre Grailhe, Luc et Salzes

De Clément, nom de baptême et nom de famille occitan

La Canourgue, Ancien hameau disparu situé entre Grailhe, Luc et Salzes

1420 : La Canorga

1512 : Terra dominorum canonicorum de Bonheur

 André Pizio - Spécialiste de rien et touche à tout - dimanche 4 janvier 2004

 Dessin L. Dulaq - 1996 

 

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