Association CAMIN FERRAT
- Le projet éolien sur le causse de Campestre
- Réponse à L'Agence Méditerranéenne de l'Environnement
- Les brèves
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l'énergie éolienne...
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Avec 375 MW installés fin novembre en France, le parc éolien opérationnel en 2004 a progressé de 125 MW en un an et de 100 MW lors des six derniers mois ; il devrait atteindre 400 MW fin 2004 et au moins doubler en 2005.
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En Allemagne Plus de 120 000 personnes ont trouvé un emploi dans le secteur des énergies renouvelables. Parmi elles 40 000 dépendent du secteur éolien (presque deux fois plus que du secteur nucléaire). 30% de la production des installations éoliennes est exportée.
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En Allemagne il y a déjà 3 000 maisons autonomes sur le plan énergétique.
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...et le solaire
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Le chiffre des emplois dans le secteur photovoltaïque a augmenté d'un tiers en 2004 pour passer à 15 000 en Allemagne.
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L'installation de panneaux solaires dans les nouveaux batiments en Espagne est obligatoire à partir de 2005 en Espagne. Le nouveau Code Technique de la Construction prévu par le gouvernement obligera à installer des panneaux solaires pour la production d'eau chaude sanitaire dans tous les nouveaux batiments et dans ceux qui seront réhabilités. Ce programme devrait concerner un peu plus de 500.000 logements chaque annee si le rythme de construction actuel se maintient. Le cout moyen pour installer des systèmes solaires thermiques oscillera entre 1.100 et 1.400 euros par logement.
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France - PACA : Selon Annick Delhaye, Vice-Présidente de la Région PACA, plus de 500 chauffe-eau solaires ont bénéficié en un an du « chèque énergie renouvelable » qui complète les aides de l'Ademe et a permis de tripler les ventes. En 2005 la Région continuera à octroyer un chèque de 700 Euros. Plusieurs collectivités territoriales apportent une aide complémentaire.
- En "Septimanie"-Languedoc-Roussillon , par contre, toutes les aides régionales ont actuellement été supprimées !
- Besoin du réacteur nucléaire EPR ?
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Record absolu de consommation électrique en France le mercredi 26 janvier vers 19h : plus de 84.000 mégawatts.
La puissance électrique installée en France est d'environ 114 500 MW dont
63 000 MW délivrés par des centrales nucléaires. La France a donc une
capacité électrique installée excédant de 30.000 MW sa consommation maximale réelle !
L’EOLIEN, UNE ENERGIE DANS LE VENT ?
Le conseil municipal de Campestre et les associations locales ont été contactées à la fin de l’année dernière par le bureau d’études VENTURA S.A. pour proposer l’implantation d’un site de cinq ou six aérogénérateurs sur le territoire de notre commune. Une démarche identique a été effectuée chez nos voisins du Causse de Blandas où l’implantation est prévue sur la commune de Blandas.
Une fois le dossier bouclé par Ventura celui-ci sera revendu à un grand opérateur européen qui en sera le maître d’oeuvre (Framatome, CEGELEC, Enertrag, Siemens, Carbone Lorraine, Shell, etc..).
Face aux sommes relativement importantes pour les petites communes que les éoliennes sont susceptibles d’apporter en taxes professionnelles et loyers des emplacements, les conseils municipaux concernés ne prennent en général pas la peine de consulter les habitants ni de se renseigner sérieusement sur les impacts des projets et votent des accords de principe.
Dessin de CABU - Le Canard Enchainé
Nous nous sommes donc penchés sur ce problème plus que nous ne l’avions fait jusque là et nous allons essayer d’en faire le tour sans vous assommer de détails trop techniques. Il en faut un peu pourtant. Rien n’est encore fait, loin de là, mais soyons vigilant si nous voulons garder la maîtrise de nos espaces naturels.
LE PROJET
Tel que présenté à notre association , ce projet envisage l’implantation de 5 ou 6 aérogénérateurs (qui est la dénomination exacte. Les éoliennes étant les moulins à vent destinés à pomper l’eau des puits) d’une hauteur de 79m en bout de pales. Les mats composés d’un fût métallique de couleur blanche d’un diamètre de 5 m à la base seront éloignés les uns des autres de 200 à 500m suivant leur alignement par rapport au vent dominant. La puissance de chaque machine sera de 1,5 MégaWatt maximum. L’éloignement des habitations sera d’un minimum de 500m. Le raccordement au réseau électrique se fera par ligne enterrée. Les chemins d'accès pour le passage d’engins de transport et de levage seront de 4,5 m de large mais susceptibles d’être remis en état après l'installation finale.
Les chiffres communiqués à nos représentants sont légèrement différents de ceux donnés à la mairie ou à d’autres acteurs locaux, mais le projet ne sera finalisé qu’avec la pose pendant un an d’un mât portant des instruments de mesure pour l’étude des vents et des contraintes locales. Notons cependant une tendance à adapter le discours à la sensibilité supposée des interlocuteurs.
POURQUOI LES EOLIENNES POUSSENT-ELLES COMME DES CHAMPIGNONS ?
Sous la pression du parti des VERTS et pour se conformer aux objectifs européens en matière d'énergie renouvelable, le gouvernement a accordé un prix d’achat préférentiel à l’électricité d’origine éolienne : 0,55F/kWh pendant 5 ans pour tous les projets puis dégressif pendant les 10 ans qui suivent avec quota de puissance, indexation à la baisse et prix variable suivant la qualité de vent des sites. Moins il y a de vent, plus EDF rachètera l’électricité à un prix élevé. L’objectif avoué étant d’éviter les concentrations.
Le désagrément du système est ce mitage désastreux de nos paysages caussenards : 3 projets sur le LARZAC, 3 sur les causses de BLANDAS et CAMPESTRE.
Ce système de prix de rachat majoré est devenu tellement intéressant que les multinationales de l’énergie se ruent sur ce nouveau et juteux marché (durée de vie d’un site : 50 ans ; durée de vie d’une éolienne : 25 ans; temps nécessaire au remboursement des investissements : 7 ans)
ETAT DES LIEUX DANS LA REGION
Si les côtes de la région Languedoc-Roussillon possèdent l’un des plus grands potentiels éoliens d’Europe, il s’avère difficile de connaître l’ensemble des projets en cours car les déclarations ne se font qu’en préfecture au moment du dépôt de permis de construire. Il n’y a aucune politique ni aucun contrôle des implantations au niveau national, régional ou départemental.
Petit historique des prévisions au niveau national.
1996, objectif du programme gouvernemental EOLE2005 : 500 MW
Février 2000, les 55 projets du programme Eole2005 totalisent 361,5 MW
Mai 2000, le premier ministre envisage 3000 MW pour 2010
Yves COCHET, alors député Verts, recommande 10 000 MW pour 2010
L’ADEME* souhaite de son côté que 4000 MW soient installés dès 2006
Les prévisions de consommation pour 2010 sont de 537 TWh/an dont 112,9 TWh/an d’énergies renouvelables. La part qui reviendra à l’éolien sera de 36,5 TWh/an (1,2 en 2000). En puissance installée cela représente de 10 000 à 12 000 MW à mettre en chantier pour 2010.
A la date de décembre 2000 seuls 60 MW étaient connectés au réseau (dont 48,5 dans le cadre d’Eole2005).
Au niveau local, les chiffres qui suivent reflètent nos informations à ce jour.
D'après le collectif VENT DE COLERE, regroupant des opposants à certaines implantations du département de l’Aude, un objectif de 600 à 800 sites est prévu pour notre région. Cela représenterait de 60 à 80% des objectifs nationaux du ministre de l’Environnement Yves COCHET. Dans ce cas il faut s’attendre à une multiplication des lignes Très Haute Tension dans le Languedoc (déjà une ligne H.T. de 63 à 90 kW est projetée sur les communes de ROGUES et MONTDARDIER).
Dès avant l’opération «Eole2005», deux sites étaient déjà installés dans l’AUDE : PORT LA NOUVELLE (2,2 MW) et SALLELES-LIMOUSIS (7,5 MW).
Les sites Eole2005 en activité sont PORTEL DES CORBIERES (3,2 MW), SIGEAN (6,6 MW) et SOULEILLA-TREILLES (7,8 MW).
Actuellement dans le GARD nous avons 2 sites à LIRAC totalisant 14 èoliennes et une douzaine de MW auxquels il faut ajouter les projets cités plus haut : CAMPESTRE, ROGUES et BLANDAS et un projet entre GANGES et ST-HYPPOLITE.
L’HERAULT totalise 21 projets : 71 éoliennes pourraient être éparpillées sur le plateau du LARZAC dont les sites du Lodévois-Larzac à ST MICHEL D’ALAJOU pour 8 mats et 5,4 MW (permis obtenu en avril 2001) et ST MAURICE-LA VACQUERIE 15 mats pour 9,9 MW.
Anticipant sur le futur, un projet de plus de 80 aérogénérateurs off-shore est proposé au large des communes du littoral méditerrannéen.
Dans l’AVEYRON, 40 projets sont à l’étude dont :
- LA CAVALERIE 15 mats et 9,9 MW (projet en attente à la demande du Parc Régional des Grands Causses pour cause d’un classement du site «patrimoine de l’humanité» par l’Unesco).
- TREMOUILLES par la société Ventura pour 8 éoliennes.
- MERDELOU (en construction) sur la commune de PEUX-et-COUFFOULEUX 12 mats, 7 MW.
Citons également le projet de la Can de l’HOSPITALET en zone centrale du Parc National des Cévennes pour 39 éoliennes.
DES CONTRAINTES POUR LES RIVERAINS
La gêne visuelle. Dans nos territoires de paysages horizontaux l’installation de mâts de près de cent mètres de haut n’ira pas sans poser de problèmes.
« Sur le paysage, l’impact des éoliennes est bien réel même s’il est difficile à appréhender objectivement. La concentration d’éoliennes dans n’importe quelles conditions ou leur éparpillement sur des points isolés peuvent entraîner une banalisation de la qualité paysagère des espaces » note la DIREN*.
Le bruit. Avec une vitesse de rotation de 30 tours/mn pour une pale de 20m (mais une vitesse de plus de 250 km/h en bout de pale) les éoliennes de dernière génération produisent une nuisance sonore quasi nulle nous affirme L’ADEME*. La distance minimale de 500 m entre le site industriel et les habitations entraîne de fait la création de zones inconstructibles.
L’ombre et la lumière. Nous avons deux effets négatifs. L’ombre portée du mat lui-même et la lumière hachée par la rotation des pales qui produit un effet stroboscopique particulièrement pénible.
Bruit et effet stroboscopique vont causer des problèmes avec les animaux : fuite des animaux sauvages, des brebis et des chevaux. Les chasseurs, éleveurs et centres équestres des causses verront leur territoire d’activités rétrécir.
QUELQUES PRECISIONS ET MISES AU POINT
Remplacer le nucléaire ?
Un aérogénérateur d’un mégawatt ne produit pas l’équivalent d’un MW d’origine nucléaire ou d’énergie fossile. Une centrale nucléaire fonctionne (s’il n’y a pas d’incident) toute l’année 24h/24. Une centrale thermique est mise en route en fonction des besoins de consommation, par exemple en hiver à cause des chauffages électriques. Une centrale éolienne ne fonctionne qu’avec une certaine force de vent (entre 4 et 8 m/s . Nos causses sont des zones de vents >6 m/s) et au total cela ne dépasse pas en moyenne 25 à 33% du temps réel. Il faut donc en théorie au moins 3 MW installé d’éolien pour 1 MW nucléaire (1500W/réacteur nucléaire = 4500 éoliennes) et en pratique le vent souffle quand ça lui chante, pas quand les besoins d’électricité se font sentir. Pour cette raison, l’énergie éolienne ne sera toujours qu’une énergie marginale au niveau de la production, bien qu’utile et non négligeable.
La sortie du nucléaire peut se faire en grande partie par les économies d’énergie et la maîtrise de notre consommation : l’abandon du chauffage électrique (consommation de 40 TW/h) responsable des pointes de consommation hivernale permettrait l'arrêt de 10 réacteurs (chaque centrale comporte plusieurs réacteurs. Au total 58 réacteurs sont en service en France).
- « Ainsi, il faudrait quelques 20 000 éoliennes pour égaler la production de la seule centrale de Cruas. Dans aucun pays l'éolien n'a pu prouver sa capacité à suppléer aux autres sources d'énergie : qu'elles soient fossiles, nucléaires, ou hydrauliques, même pour une part significative . L'affirmation : Contre l'éolien = pour le nucléaire ou Contre le nucléaire = pour l'éolien est donc purement culpabilisante et totalement infondée.» Extrait de la pétition des professionnels du tourisme contre l'implantation des centrales éoliennes en montagne ardéchoise.
A-t-on besoin de plus d’électricité ?
La France est le premier producteur européen d’électricité.
EDF brade (car d’un prix inférieur au prix moyen d’approvisionnement) de l’électricité à l’étranger en particulier l’Allemagne, mais aussi chez tous nos voisins, où l’opinion publique est friande d’énergies dites propres. Le pourcentage d’éolien produit en France sera vendu aux pays tiers en tant que part de production d’énergie renouvelable. Chaque année l’exportation d’électricité représente la production d’électricité de 12 réacteurs nucléaires de 900 MW. Les nouvelles centrales éoliennes sont destinées à l’évidence à augmenter notre capacité d’exportation.
Projection dans un futur très proche : centrales nucléaires et éoliennes seront dépassées.
Dans les années à venir l’émergence de la production d’énergie par les «piles à combustible» , mais aussi la filière photovoltaïque et le solaire thermique, résoudra en partie les problèmes liés à la centralisation de la production d’énergie si chère à notre EDF nationale et aux nucléocrates français ( Avez-vous remarqué le tout nouvel et important investissement des sociétés liées au nucléaire dans l’éolien ? ). Nous pouvons prédire pour bientôt la fin de la prolifération des lignes hautes tensions et des mégacentrales, fussent-elles éoliennes ou nucléaires.
La «pile à combustible» est un générateur électrique sans mouvement mécanique avec un combustible à base d’hydrogène ou d’un alcool comme le méthanol. Sont déjà en fonctionnement des générateurs pour véhicules légers et poids lourds, pour des immeubles ou des maisons individuelles et même pour des ordinateurs et téléphones portables. Les études actuelles portent sur la durée de vie et le coût des piles à combustible. Les premiers appareils pourraient être commercialisés avant 2010.
NOTRE POSITION est sans ambiguïté :
NON au nucléaire
OUI aux énergies renouvelables et au développement durable
- Mais il faut savoir que les parcs éoliens à terre sont moins productifs que les installations dites «off-shore» en pleine mer. Ainsi les Danois démonteront leurs éoliennes arrivées en fin de vie pour ne plus en installer qu’en mer.
- Au sein de nos paysages relativement vierges, le maintien d’espaces "inéquipés" ne pourraient être que positif.
- Nous ne sommes pas en face de projets éoliens pour le développement du plateau mais de projets qui se servent du plateau et de son vent. Ces projets utilisent l'énergie renouvelable comme alibi, une sorte de caution morale et écologique à une entreprise à but purement lucratif que nous pouvons résumer par : localement les contraintes - ailleurs les bénéfices.
- Pour les économies d'énergie tout un chacun peut commencer en participant aux tris sélectifs et au recyclage de ses poubelles proposés par nos municipalités et en choisissant ses produits en fonction de leurs emballages économes. Refuser les publicités papier qui encombrent nos boites aux lettres participe également à la lutte globale contre le gaspillage de l’énergie.
- Dans tous les cas d’implantation, un financement partiel communal ou intercommunal, voire la participation des habitants (part d’actions boursières) permettraient de garder la maîtrise des projets et de défendre les intérêts locaux. Et les recettes financières destinées en priorité à l’équipement de la commune en énergie renouvelable et aux économies d’énergie (solaire thermique, voltaique, lampes basse consommation, etc).
CE QU’ILS EN DISENT
- La DIREN elle-même recommande d’éviter le "mitage éolien" et d’inciter plutôt à la création de "bassins éoliens", la volonté d’implanter des projets éoliens dans une cohérence d’aménagement du territoire, dans le respect des paysages à forte identité et des espaces à grande valeur patrimoniale et paysagère. La DIREN se propose d’aider les collectivités locales et les porteurs de projets de centrales éoliennes à choisir des lieux d’implantation raisonnés et à exclure les territoires les plus sensibles.
- Conclusion des auteurs de l’étude que l'ADEME a confié au CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment) : « Comment peut-on définir alors les notions de pollution et de nuisance ? Soutenir actuellement que l'énergie éolienne risque de constituer une nuisance esthétique et une source de pollution visuelle va à l'encontre des positions prises par les instances nationales porteuses du programme ÉOLE 2005. Il ne faudrait pas qu'au nom de l'écologie et de sauvegarde de la couche d'ozone, on soutienne le développement d'un type d'énergie qui se fait au détriment de la préservation de la nature. La notion d'énergie éolienne est à distinguer de celle d'équipement éolien. Ce n'est pas parce que l'énergie éolienne est non polluante que sa production l'est également. L'écologie doit intégrer dans une même préoccupation la qualité de l'air et la protection de l'environnement. Ce transfert d'une nuisance vers une autre, pose un réel problème car il conditionne l'avenir de la filière éolienne. »
Le potentiel de l'énergie éolienne est remis en cause par un rapport parlementaire. Pour l’'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques "L'éolien n'est pas en France, ni dans aucun pays développé, la solution miracle." . Sans rejeter le recours à cette filière, les rapporteurs notent que l'obligation de coupler les éoliennes à des moyens classiques de production d'énergie, pour les relayer en l'absence de vent, limite d'autant le bénéfice attendu sur les émissions de gaz carbonique. (novembre 2001)
La qualité de l'environnement est un motif majeur de déplacement touristique dans nos régions. L’installation d’un site industriel mettrait fin à ce tourisme doux que l’association CAMIN FERRAT veut préserver.
* L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) Agence gouvernementale qui a pour mission de faciliter le développement et l’intégration de la filière éolienne sur le marché électrique.
* DIREN : Direction régionale du ministère de l’environnement.
NON à l’éolien qui défigure.
OUI à l’éolien offshore et dans les zones industrielles.
Article publié dans le bulletin de l'association Camin Ferrat "Cheminements" et sur le site www.eoliennes.net en janvier 2002
Disponible également sur le site du Musée Agropolis
LA FIN DES AEROGENERATEURS POUR LES CAUSSES DE BLANDAS ET CAMPESTRE
Les causses de Blandas et Campestre éviteront la prolifération des très hauts mâts des centrales éoliennes grâce, ou à cause, de la zone de survol en très basse altitude des aéronefs de l'armée. Cette zone couvre la presque totalité des deux petits causses du Gard. Les conseillers municipaux favorables à la manne financière éolienne pourront toujours se retourner contre l'armée pour obtenir une juste compensation à l'important manque à gagner pour les communes. - Chiche ?
Il faudra bien qu'un jour aussi nos élus s'inquiètent de ces passages en rase-motte de Mirages et autres Jaguars ou Rafales. Chaque passage d'un avion de combat - et les aller-retours sont nombreux en période d'exercice - représente l'activité et la pollution de plusieurs milliers de véhicules automobiles, nous sommes alors directement en bordure d'une autoroute à très forte densité de circulation. (voir la page "climat & aviation")
Quant aux trois couples d'aigles royaux des causses de Blandas et Campestre apprécient-ils la cohabitation avec les mirages 2000 ? Nous n'avons pu poser la même question aux familles de vautours installées en surplomb du cirque de Navacelles qui ont préféré déménager vers les gorges de la Jonte et du Tarn... (juillet 2002)
Texte publié dans le Courrier des lecteurs de la revue Causses & Cévennes en juillet 2004 en réponse à un article du numéro précédent consacré aux énergies renouvelables en Cévennes.
Oui à l'énergie éolienne, mais pas n'importe où... Et pas n'importe comment !
J'ai été assez choqué, mais pas vraiment surpris, du procédé employé par M. Séverin Poutrel dans l'article consacré à l'énergie éolienne (C&C 2/2004 page 205). Un procédé peu glorieux qui consiste à prétendre présenter le point de vue des opposants pour mieux le caricaturer.
Pour commencer, il conviendrait pour plus de clarté, d'appeler les choses par leur nom. Si l'énergie est dite "éolienne", les machines "que l'on développe aujourd'hui sont celles produisant de l'électricité" et se dénomment aérogénérateurs.
Les aérogénérateurs actuels affichent une hauteur de 80 à 120 mètres en bout de pales et sont regroupés en sites industriels de 5 à 40 machines desservies par des routes d'accès de quatre mètres de larges. Les éoliennes, qui ont vu leur age d'or de 1870 à 1930 dans la région Languedoc-Roussillon, permettent de capter l'énergie du vent pour la transformer en énergie mécanique, par exemple pour le pompage de l'eau. Implantés isolément, la hauteur du pylône est de 6 à 15 mètres seulement : ça fait une sacrée différence ! La confusion des termes n'est certainement pas innocente de la part d'un employé de l'Agence méditerranéenne de l'environnement (A.M.E.) qui est en charge de la promotion des aérogénérateurs sur le Languedoc-Roussillon.
Impact sur le paysage et protection des oiseaux ne sont que deux éléments mineurs de la critique des sites industriels d'aérogénérateurs. Si la production est "décentralisée, locale", en région rurale, l'utilisation se trouve ailleurs, dans les zones industrielles des très grands centres urbains. Il faut alors renforcer le réseau électrique ce qui amène à la création de nouvelles lignes Hautes-Tension. Le plan régional éolien est inexistant : "en cours d'élaboration", d'où le mitage du paysage auquel nous aimerions échapper.
Dans la situation actuelle, l'énergie produite par les parcs éoliens est simplement rachetée et revendue à perte par EDF dans un cadre de surproduction (l'exportation d'électricité représentait en 2001 la production de douze réacteurs nucléaires de 900MW). Où sont les économies d'énergie si indispensables ? Avec le projet de nouveau réacteur nucléaire EPR, nous aurons, et les centrales atomiques avec leurs déchets, et les aérogénérateurs. L'éolien industriel n'empêche pas la fuite en avant dans le nucléaire : il ne sert qu'à faire de l'argent pour les opérateurs privés (Framatome, Aréva, Cegelec, Siemens, Shell, Carbone Loraine, Enertrag, etc...). C'est pourquoi le petit éolien, à l'échelle humaine avec une production et une utilisation locale, sans transport d'énergie, ne reçoit aucune aide. Les multinationales n'ont rien à y gagner.
Le problème principal posé par l'énergie éolienne est son intermittence. Les hélices ne tournent qu'un peu moins de 30% du temps : il faut donc compenser par des centrales thermiques, d'où production de gaz à effet de serre. Pas de bénéfice déterminant de ce côté là non plus.
Développons plutôt un bouquet énergétique alternatif aux énergies fossiles. Utilisons toutes les énergies renouvelables utilisables localement, couplées à une remise en question de la croissance continuelle. Les populations cévenoles et caussenardes peuvent maîtriser la gestion locale des ressources naturelles et énergétiques. Le développement actuel de l'éolien ne résout pas les problèmes liés à la concentration de la production et au gaspillage de l'énergie, pas plus qu'il apporte une solution face au nucléaire.
J'en profite pour saluer l'excellente présentation des enjeux en matière d'énergie de M. Didier Lecuyer, en particulier l'exposé du thème de la décroissance, qui est encore trop rarement abordé, à cause sans doute de ses implications, et que j'aurais aimé retrouver dans le corps du dossier. Mais je regrette que Causses & Cévennes (ou l'architecte) ait choisit des auteurs appartenant à un organisme institutionnel (L'A.M.E. est omniprésente dans le dossier) pour développer le thème de l'énergie renouvelable. C'était à coup sûr prendre le risque d'une vision déformée des enjeux, des débats et des orientations possibles ou nécessaires. Un peu plus de variété dans le choix des intervenants aurait été profitable pour diversifier les points de vue. Mais je suis persuadé que la revue du Club Cévenol, notre revue, reviendra sur le thème des énergies renouvelables et des économies d'énergie.
André Pizio, président de l'Association Camin Ferrat.
L'association Camin Ferrat prit position contre l'implantation d'un site de six aérogénérateurs de 80 mètres sur la commune de Campestre-et-Luc en janvier 2002 alors que nous étions confrontés à trois projets d'implantation d'aérogénérateurs sur le causse du Larzac et à trois autres sur les petits causses gardois de Blandas et de Campestre.
BREVES
(septembre 2004) - Au sein de l'OCDE, l'énergie du vent, des vagues et des marées a aussi connu un énorme développement au cours des 29 dernières années, passant de 559 GWh en 1973 à 50 143 GWh en 2002. Dans cette catégorie, l'Europe dépasse largement l'Amérique du Nord, s'appropriant les trois quarts de la production. Il n'est pas surprenant d'apprendre que l'énergie éolienne domine largement cette catégorie avec 95 % de la production totale.
Jusqu'à l'année 1992 les pays de l'OCDE ont dépensé à eux seuls 318 milliards d'euros, contre 22 milliards pour les énergies renouvelables.
Eolien. (Juillet 2004) - En Europe, 28.440 MW sont produits chaque année (ce qui en fait le premier producteur mondial), assurant ainsi le besoin énergétique de 35 millions de personnes. L'Allemagne produit a elle seule 14.609 MW, devant le Danemark (3.110 MW). L'Italie produit quant a elle 904 MW, et se positionne a la 5eme place des pays producteurs (la France ne produit que 239 MW !).
Nucléaire. Notre pays se retrouve avec un taux démesuré de chauffages électriques : 30% des logements, la moitié du parc européen : Il fallait utiliser l'énergie produite par les trop nombreuses centrales nucléaires, conséquence de prévisions de consommation erronées.
Eolien & nucléaire. Selon l’étude « Éole ou Pluton » [rapport complet - pdf 496Ko] publiée en décembre 2003, l’investissement des 3 milliards d’euros de subventions prévus pour le programme EPR, dans un programme de développement de l’énergie éolienne permettrait de créer 5 fois plus d’emplois, et de produire plus de deux fois plus d’électricité sans produire de déchets nucléaires !